Questions à Franck Chaulet, sous-préfet de Forbach/Boulay-Moselle

Mis à jour le 04/06/2024

Pouvez-vous vous présenter et évoquer votre parcours, ses temps forts ?

Mon parcours peut être divisé en cinq temps :

  • le temps des débuts, la découverte du monde des préfectures, dans l’Indre et le Pas-de-Calais sur des missions variées ;
  • l’accès aux fonctions de directeur de cabinet et de sous-préfet, dans la Meuse, les Ardennes, la Haute-Loire et la Vendée ;
  • l’expérience en administration centrale afin d’équilibrer mon parcours entre terrain et centrale, à la direction centrale de la police nationale et à la préfecture de police ;
  • enfin la découverte du monde de la justice des mineurs en 2016, au sein de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse du ministère de la Justice ;
  • et un retour au terrain aujourd’hui à Forbach.

En presque 40 ans de carrière, il y a eu de nombreux temps forts mais pour en rester aux plus récents, je mettrais l’accent sur ma découverte du monde de la protection judiciaire de la jeunesse. Venant du monde Intérieur et Police, il m’a fallu reparamétrer mon logiciel pour changer mon regard sur la délinquance des mineurs que je ne distinguais pas de la justice des majeurs. La prise en compte de leur passé souvent chaotique, la dimension éducative de leur prise en charge a nécessité de décaler ma vision. Cette spécificité de la justice des mineurs est aujourd’hui parfois peut-être contestée face à une délinquance en pleine évolution qui touche des mineurs de plus en plus jeunes et de plus en plus violents. Pour autant leur condition d’adolescent, d’êtres en construction et donc en devenir, ne pourra jamais les assimiler à des individus adultes.

Comment avez-vous su que vous souhaitiez vous consacrer à l’État ?

Je ne l’ai pas su immédiatement. J’ai d’abord passé des concours administratifs par nécessité économique, mais je me suis rapidement senti à l’aise dans les différentes fonctions que j’ai occupées en préfecture. C’est en accédant aux fonctions d’encadrement supérieur, directeur de cabinet, sous-préfet, que mon ambition personnelle, tout en restant présente, a laissé plus de place au sens de l’État. Si j’ai souhaité diversifier mon parcours en découvrant d’autres univers administratifs, je n’ai jamais envisagé de quitter la sphère de l’État. Mon expérience à la Justice et mes fonctions actuelles de sous-préfet de Forbach/Boulay-Moselle, en considérant les enjeux de ce territoire, viennent consolider cet engagement.

Pouvez-vous présenter le rôle d’un sous-préfet ?

La fonction devient ce que son titulaire en fait. Comme le dit un de mes anciens préfets, on crée son propre chiffre d’affaires. Le champ des missions et donc des possibles est vaste et je suis plutôt dans la logique de m’emparer de tout, en particulier dans cette première phase de découverte. Je serai nécessairement contraint de faire un tri et de me mobiliser sur les principaux enjeux mais aujourd’hui, je ressens de l’avidité.

Si je devais qualifier le rôle du sous-préfet, je dirai qu’il est un assemblier, un chef d’orchestre, un trait d’union. Le monde administratif est complexe, les procédures multiples et contraignantes, je pense notamment à l’environnement, les services techniques sont dans leur rôle d’expert. Le rôle du sous-préfet est de parvenir à rendre la partition digeste, cohérente, pragmatique.

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre métier ?

Je garde les passions à la sphère privée. Mais ce qui me motive le plus, c’est le sentiment d’utilité. Savoir que mon action, mon intervention ont été utiles à l’avancée d’un dossier.

Quels seront vos principaux défis pour les prochains mois ?

Les projets industriels bien sûr. Ce sont eux que j’ai identifiés en premier et dont mon prédécesseur m’a le plus parlé. En second lieu, sans que ce classement ait beaucoup de sens, l’accompagnement des collectivités locales à la transition écologique. Je suis frappé de constater à quel point les élus sont investis dans les enjeux de transition énergétique. J’ai passé plus de 10 ans à Paris où l’on parle beaucoup de réchauffement climatique mais où les actions sont peu visibles. Il faut pouvoir passer d’une logique de contrainte, qui est toutefois bien réelle au regard des enjeux, à une logique bien comprise d’intérêts partagés. Je pense notamment à l’agri-voltaïsme.

Un petit mot pour la fin ?

Pas un mot pour la fin mais un mot pour le début. L’aventure ne fait que commencer. Donc ce sera « au travail... ».